En cette brulante fin d?après-midi, c?est le calme avant la tempête à Ghanzi, petite bourgade assoupie du nord du Botswana. Une femme Herero vêtue de sa traditionnelle robe victorienne et de sa lourde coiffe jette un regard distrait aux quelques individus habillés de noirs qui se rassemblent au croisement des deux rues principales. Mais sous l?ardent soleil du désert du Kalahari, c?est rapidement une centaine d?hommes et de femmes qui s?interpellent bruyamment et se saluent en esquissant une chorégraphie bondissante aux allures de danse country. Portant santiags, chapeaux de cowboys et lourds blousons de cuir, bardés de chaînes et de clous, arborant pour certains crânes, ossements d?animaux et cartouchières, cette joyeuse bande se prépare pour un des temps forts du Winter Metal Mania, le plus grand festival rock du Botswana. Le signal du départ donné, tous s?élancent au pas de charge pour deux kilomètres de marche à travers les rues poussiéreuses de la petite cité, sous le regard hilare ou interloqué des habitants. Dans une ambiance totalement délirante, à grand renfort de musique, de cris et de danse, ils arrivent bientôt au Community Hall de la ville. C?est dans cette salle des fêtes sans âme, coincée entre deux églises, que vont se succéder pendant deux jours des groupes venus de tout le sud de l?Afrique (Botswana, Afrique du Sud, Angola et Mozambique). Au plus fort de la fête, cinq cents fans hurleront leur plaisir d?être ensemble au son des riffs brutaux des guitares et des voix d?outre-tombe.