Produit par le Festival international PHOTOREPORTER de Saint-Brieuc, 2012.
Au Mexique, pays de non-droit à la démocratie déliquescente, l'écrasante majorité des affaires de justice restent non résolues. L'impunité règne.
Il existe cependant dans ce pays un endroit où c'est l'inverse : 95% des affaires sont résolues, seulement 5% restent classées sans suite.
Cet endroit se trouve dans l'Etat du Guerrero où vit un patchwork de communautés, indigènes à 85%, parlant le mixtèque et le tlapanèque. Dans cette région, l'une des plus marginalisées du pays, à six heures de route au sud de Mexico, les habitants sont des paysans, de petits éleveurs, producteurs de café et de maïs pour la plupart.
Ce « miracle » dure depuis plus de 15 ans. Depuis 1995, date de sa création, la Policia de la Montaña, c'est son nom, est parvenue à faire chuter la criminalité, les vols, les viols et les enlèvements. Elle a réussi aussi à décourager les narcotrafiquants.
Cette police parallèle qui compte près de 800 policiers, répartis dans 77 communautés, supplée l'absence de la police fédérale et des agents régionaux, corrompus ou indifférents au sort des habitants. Cette police base sa force sur le « service obligatoire » auquel chaque paysan est astreint pendant deux ans. Gratuitement.
Plus qu'une simple police, c'est surtout une Justice singulière regroupée dans une entité, la Coordination Régionale des Autorités Communautaires, la CRAC.